Metis Insights - Sur une manifestation de trois jours, vous avez accordé une large place à la dépigmentation de la peau et au défrisage des cheveux, pour quelles raisons ?
Amal Ayad et Étienne Soudant - Il est important de contribuer à faire comprendre l’intérêt que les mélanines ont pour la peau toutes ethnies confondues et que vouloir s’en passer par l’éclaircissement, outre des problèmes esthétiques et de santé publique que cela génère, est une démarche physiologiquement peu logique.
En revanche, les approches visant à améliorer l’éclat du teint et à réduire les taches disgracieuses correspondent à une démarche sensée que ces rencontres ont essayées de mettre en avant tant auprès des cosmétologues que des fournisseurs de matières premières.
Quant au cheveu, bien informer sur le mauvais usage du défrisage sans neutralisation appropriée, était notre priorité puisque que, dans cette zone du monde, les femmes sont touchées par l’alopécie bien avant l’âge de la ménopause.
Metis Insights - La Cosmétopée, au cœur des préoccupations actuelles de la Cosmetic Valley, représentait le thème du dernier jour, pensez-vous que l’Afrique a sa carte à jouer ?
Amal Ayad et Étienne Soudant - Par sa tradition forte d’usage de plantes médicinales dans les gestes du quotidien, il est évident que l’Afrique a sa carte à jouer dans le recensement des plantes à usage cosmétique qui a été entrepris par la Cosmetic Valley.
On constate d’ailleurs que les plantes concernées par un usage cosmétique (cosmétopée) dépassent le nombre de plantes médicinales (pharmacopée) et en plus, elles ont bien souvent des fonctions alimentaires et des vertus nutritives non négligeables. Or c’est absolument l’Afrique qui doit bénéficier de la valeur ajoutée apportée par l’usage de ces plantes en cosmétique. Pour ce faire, une amélioration des connaissances de la peau saine et de la cosmétique est importante sur le territoire africain. C’est l’objectif de ces rencontres.
Metis Insights - Était-ce important de tenir ces premières rencontres en Afrique de l’ouest et plus précisément au Sénégal ?
Amal Ayad et Étienne Soudant - Très important. D’ailleurs, nous pensons créer la Société de Cosmétologie de l’Afrique de l’Ouest (SCAO). Une société savante à but non lucratif affiliée sans doute à l’International Federation of Societies of Cosmetic Chemists (IFSCC) regroupant 47 sociétés savantes en cosmétologie et 57 pays.
Metis Insights - À qui s’adressait cet événement ?
Amal Ayad et Étienne Soudant - Aux professionnels de l’industrie cosmétique de l’Afrique de l’Ouest. Pour une fois, les fournisseurs venaient à la rencontre des formulateurs Ouest Africains qui ne peuvent se déplacer en Europe pour des problèmes de visa.
Metis Insights - Quelle conclusion tirez-vous de cette première édition ?
Amal Ayad et Étienne Soudant - À l’évidence, de telles rencontres ont un intérêt fort à tous points de vues (formulation, toxicologie, législation, propriété intellectuelle, développement durable, etc).
Metis Insights - Comment envisagez-vous la suite ?
Amal Ayad et Étienne Soudant - De nouvelles rencontres aurons lieu les 12 et 13 novembre 2014, toujours à Dakar, au Sénégal, puis les années suivantes dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. [1] Les thématiques seront, bien entendu, toujours centrées sur les peaux noires et métissées et la priorité toujours donnée au développement durable et au développement de cosmétiques de qualité à prix abordables conçus et réalisés en Afrique. Et bien entendu, nous sommes ouverts à toutes suggestions qui seront les bienvenues.